Alors que le grand public écœuré assiste, par médias interposés, aux traitements réservés par nos institutions aux plus âgés et aux enfants placés, les politiques sociales déclinent sans aucun intérêt des gouvernements successifs.

Certains sujets (hébergement, asile-intégration) sont vus par le ministère de l’intérieur uniquement comme des risques pour le maintien de l’ordre public et donnent lieu à des pressions régulières de la part des préfet.es. Ils sont traités depuis des années sous l’angle de la crise et de l’urgence ce qui permet à l’État de ne pas recruter. Pour le reste, la plupart les missions « affaires sociales » confiées au réseau DREETS/DDETS sont morcelées, sans liens entre elles et ne permettent pas aux agents qui les mettent en œuvre de trouver du sens à leur travail.

Un empilement de dispositifs ne fait pas une politique sociale

Les différentes vagues de décentralisation ont confié les compétences en matière de politique sociale aux départements. Cependant, non seulement, certains dossiers n’ont pas été transférés, ou pas entièrement et l’État doit toujours intervenir (ex : les conseils départementaux versent l’aide sociale à l’hébergement sauf pour les personnes n’ayant pas de domicile) mais l’État continue à vouloir intervenir dans ces domaines en créant régulièrement de nouveaux dispositifs divers et variés.

Ainsi, le BOP 304 (Inclusion sociale et protection des personnes) est devenu un BOP épuisette qui attrape tous les sujets qui tombent (aide sociale, points conseil budget, domiciliation, cellules territoriales d’appui à l’isolement, précarité menstruelle, qualification des travailleurs sociaux, etc.) et épuise les gestionnaires qui le suivent.

En effet, chaque nouveau dispositif, sans lien avec les précédents et sans moyens supplémentaires, demande aux agents d’investir du temps et de l’énergie pour le mettre en œuvre. Cela est d’autant plus difficile que l’État tâtonne pour trouver sa place et passe par des appels à projets nationaux ou des plans de contractualisation avec les collectivités territoriales. Aussi,  les agent.es y perdent le sens et l’intérêt de leur travail.

Un constat partagé avec l’administration, des réponses divergentes

En début d’année 2022, la DGCS présentait aux directeurs réunis en séminaire national les résultats de sa revue des missions. Dans le champ de la « cohésion sociale » elle aussi parle d’un « morcellement des missions », de « résidus de missions qui constituent des irritants » ou encore d’un manque de « ressource et d’expertise » pour la mise en œuvre des missions.

Toutefois, les réponses proposées par la DGCS ne sont que des sparadraps techniques ou technocratiques au lieu des choix politiques nécessaires au vu des nouvelles priorités définies (telles que l’aide sociale à l’enfance). Ainsi, l’administration parle de « modernisation », d’automatisation, de réduction de la participation voire de transferts de missions mais pas de recentralisation. Le SNASS-CGT qui a toujours dénoncé le transfert de l’ASE aux départements y voit une opportunité d’améliorer le service rendu à la population sur le territoire tout en redonnant du sens et des moyens aux services sociaux de l’État.

C’est pourquoi le SNASS-CGT revendique :

  • L’arrêt de la politique d’appels à projets nationaux qui ne permettent pas de développer une ingénierie sociale au plan local ;
  • Pas de création de nouveaux dispositifs sans mise à disposition des moyens humains suffisants à leur mise en œuvre ;
  • Un plan de recrutement de personnel des ministères sociaux (IASS, CTSS) permettant de satisfaire les nécessités de ressources et d’expertise sociale notamment dans les services pour répondre aux besoins de la population ;
  • Une évaluation de la décentralisation de la politique d’aide sociale à l’enfance avant une reconstruction de services déconcentrés du Ministère chargé des affaires sociales de plein exercice autour de la recentralisation de l’ASE.