« Nous aurons des jours meilleurs et nous retrouverons Les Jours Heureux » Emmanuel Macron, Palais de l’Elysée, 13 avril 2020

Monsieur le Président de la République,

Votre discours du lundi 13 avril 2020, aux accents compassionnels et lyriques, fut l’occasion de promettre aux Français que viendraient bientôt « les jours heureux »…

« Les Jours Heureux »… Sans aucun doute possible des mots minutieusement choisis pour reprendre à l’identique le nom du programme élaboré par les forces vives de la résistance, réunies au sein du Conseil National de la Résistance (CNR), durant l’occupation.

La France était alors « en guerre », au sens premier du terme, et au plus profond de l’abîme, sous le joug des nazis.

Dans la clandestinité, le 15 mars 1944, les diverses organisations de la Résistance, au rang desquelles figurait la CGT, signaient après de longues négociations ce programme ambitieux afin de préparer le redressement d’un pays ruiné par plus de quatre ans d’un conflit mondialisé.

Alors, monsieur le Président, puisque vous nous promettez bientôt les « Jours Heureux »,

afin de vous éviter des redites inutiles, voici quelques idées à puiser directement dans le programme du CNR !

« – la démocratie la plus large rendant la parole au peuple français par le rétablissement du suffrage universel ;

– la pleine liberté de pensée, de conscience et d’expression ;

– la liberté d’association, de réunion et de manifestation ;

l’égalité absolue de tous les citoyens devant la loi ;

– l’instauration d’une véritable démocratie économique et sociale, impliquant l’éviction des grandes féodalités économiques et financières de la direction de l’économie ;

– une organisation rationnelle de l’économie assurant la subordination des intérêts particuliers à l’intérêt général…

l’intensification de la production nationale selon les lignes d’un plan arrêté par l’État ;

– le retour à la nation des grands moyens de production monopolisée ; (nationalisations)

– le développement et le soutien des coopératives de production, d’achats et de ventes, agricoles et artisanales ;

– le droit d’accès, dans le cadre de l’entreprise, aux fonctions de direction et d’administration, pour les ouvriers possédant les qualifications nécessaires, et la participation des travailleurs à la direction de l’économie ;

– le droit au travail et le droit au repos, notamment par le rétablissement et l’amélioration du régime contractuel du travail ;

un réajustement important des salaires et la garantie d’un niveau de salaire et de traitement qui assure à chaque travailleur et à sa famille la sécurité, la dignité et la possibilité d’une vie pleinement humaine ;

la garantie du pouvoir d’achat national pour une politique tendant à une stabilité de la monnaie ;

– la reconstitution, dans ses libertés traditionnelles, d’un syndicalisme indépendant, doté de larges pouvoirs dans l’organisation de la vie économique et sociale ;

– un plan complet de sécurité sociale, visant à assurer à tous les citoyens des moyens d’existence, dans tous les cas où ils sont incapables de se le procurer par le travail, avec gestion appartenant aux représentants des intéressés et de l’État ;

– la sécurité de l’emploi, la réglementation des conditions d’embauchage et de licenciement, le rétablissement des délégués d’atelier ;

l’élévation et la sécurité du niveau de vie des travailleurs de la terre ;

une retraite permettant aux vieux travailleurs de finir dignement leurs jours ;

la possibilité effective pour tous les enfants français de bénéficier de l’instruction et d’accéder à la culture la plus développée, quelle que soit la situation de fortune de leurs parents »

Alors, « chiche », monsieur le Président !

Vous qui avez toujours assumé être le représentant des « lobbies » au détriment de l’intérêt de l’ensemble des citoyens, vous qui êtes un partisan de la libéralisation de l’économie servant les intérêts des grosses entreprises et de leurs  actionnaires, vous qui gouvernez par ordonnances, vous qui placez les « premiers de cordée » bien au dessus des « ouvriers illettrés», vous qui bloquez les salaires dans le secteur public tout en vantant l’engagement exemplaire des fonctionnaires, vous qui réduisez toujours plus les services publics en leur demandant ensuite « d’aller au front », vous qui exonérez d’impôt sur la fortune les plus riches et ponctionnez les plus pauvres, vous qui avez fait reculer les « corps intermédiaires » syndicaux et les institutions représentatives des personnels, vous qui faites gazer des manifestants pacifiques, aux rangs desquels des personnels soignants aujourd’hui portés aux nues, vous qui ponctionnez la Sécurité Sociale, vous qui amenuisez l’assurance chômage tout en facilitant les licenciements, et surtout VOUS qui voulez précisément détruire le système de retraite solidaire créé en 1945 par ce même Conseil National de la Résistance !

On vous dit « chiche » !

Chiche pour tout changer et œuvrer dès maintenant à un nouveau programme des « Jours Heureux », pour tourner la page d’un monde à bout de souffle qui sert les intérêts individualistes d’une minorité égoïste et rapace au détriment des valeurs solidaires de la majorité dont vous soulignez pourtant avec force les vertus afin de surmonter la crise actuelle !A très bientôt, monsieur le Président, et alors « nous aurons des jours meilleurs et nous retrouverons les Jours Heureux » Nous en sommes convaincus…